Synopsis:
Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l’attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir. Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu’il découvre, en revanche, c’est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n’ose mettre les pieds. Un assassin va profiter de cette situation. Dès le premier crime, Adam décide d’intervenir. Pourquoi? Tout simplement parce qu’il est flic, et que face à l’espoir qui s’amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou. Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu’elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d’ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger.
Mon avis:
C’est avec une impatience certaine que j’ai entamé la lecture d’Entre deux mondes. Celui-ci nous emmène dans la jungle de Calais et nous fait rencontrer de nouveaux personnages. Victor Coste n’a même pas eu le temps de me manquer car Adam, Bastien et Kilani ont une présence incroyable dans ce récit.
Bastien est un jeune lieutenant fraîchement arrivé à Calais, pour des raisons familiales. C’est à travers ses yeux que nous découvrons le quotidien des migrants et des équipes de flics de Calais. Son choc, c’est également nous qui le ressentons. On réalise que même si les médias ont beaucoup parlé de cette Jungle, la réalité est encore pire que ce qu’on pouvait imaginer. On réalise l’ignorance dans laquelle on s’est complu.
En effet, Olivier Norek nous force à ôter les ornières qu’on s’est mis, volontairement ou non, et la honte nous étreint. Car la description que nous lisons, ce quotidien ignoble, ne se passe pas ailleurs. Ca se passez chez nous, à côté de nous. Notre sens moral se réveille.
Adam et Kilani, incarnent, eux, l’instinct de survie qu’il faut pour endurer tout ce qu’ils ont vécu et vivent encore. Olivier Norek nous montre que leur passé n’importe pas. Ils restent humains, ils ont des droits bafoués qui ne devraient pas l’être, surtout dans le pays où la Déclaration Universelles des Droits de l’Homme et du Citoyen est née. Leur résilience force le respect.
L’histoire m’a captivée du début à la fin et a suscité des émotions très fortes.
Le début donne déjà le ton avec une scène choc dont on espère une issue heureuse.
La vie d’Adam avant son arrivée en France illustre les atrocités qui ont lieu dans tous les pays dont sont issus les migrants de Calais. On sait qu’il est un parmi des milliers mais l’électrochoc se fait encore plus fort avec Kilani. On s’attache à eux et le sort de ce petit enfant qui a grandi trop vite tire sur notre corde sensible encore plus. Il symbolise l’innocence qu’on voudrait protéger à tout prix. Il symbolise également toute l’injustice et la cruauté du monde. Kilani, c’est tout ce qui peut exister de bon, corrompu par les hommes.
La fin du récit est douce-amère.
On ne peut pas quitter les personnages sans ressentir une immense tristesse car on sait que quelque part, il il y a toujours des Adam et des Kilani en énorme souffrance. La réalité dépasse la fiction.
Je ne saurais pas décrire le genre dans lequel s’inscrit Entre deux mondes. En effet, à travers les parcours de vie de Bastien, d’Adam et de Kilani, on se sent grandi.
Plus qu’un récit de vie engagé, c’est un parcours initiatique qui nous est proposés et que nous vivons. C’est un coup de poing dans la sablière dans laquelle nous avons, par confort et par lâcheté, enfoui notre tête en hurlant de tous nos poumons.
C’est un seau d’eau glacée qui nous ramène à la réalité crue que nous oblitérons tous les jours.
Entre deux mondes est un roman que tout le monde doit obligatoirement lire. Une prise de conscience qui fait souffrir mais qui reste nécessaire.
Je le recommande à mille pourcent.
Et, une fois n’est pas coutume, voici l’avis de mon mari qui a tenu à vous faire part du coup de coeur que ça a été pour lui!
J’ai découvert Olivier Norek (sur vive insistance de ma femme) avec Code 93. Moi qui ne suis pas très polar, j’ai beaucoup aimé grâce à l’écriture franche, directe sans être racoleuse, et dans laquelle on sent l’expérience du terrain.
J’ai donc attaqué Entre deux mondes, en pensant à une trame similaire. Pas du tout, pour moi, l’enquête n’est qu’une infime partie de ce roman. Il s’agit plutôt d’une critique vive de notre société face à l’accueil de ceux qui n’ont rien.
La description de la jungle, des parcours de chacun, des atrocités devenues banales est toujours aussi juste. Apprendre en fin de livre que l’auteur a passé du temps dans la jungle pour préparer son livre ajoute une couche pour te faire comprendre qu’il ne s’agit en aucun cas de fiction.
Je ne sais pas si qu’il restera de ce livre à titre personnel ou sociétal mais ce fut une belle claque.
Je recommande.
Du même auteur, retrouvez mon avis sur :
– le premier tome des aventures de Coste et son équipe: Code 93.
– le tome 2: Territoires.
– le tome 3: Surtensions.