[BD] Cher pays de notre enfance

Synopsis:

Etienne Davodeau est auteur de bande dessinée.
Benoît Collombat est grand reporter à France Inter.
L’un est né en 1965, l’autre en 1970.
Ils ont grandi sous la Ve République fondée par le général de Gaulle, dans un pays encore prospère, mais déjà soumis à la « crise ».
L’Italie et l’Allemagne ne sont pas les seules nations à subir la violence politique.
Sous les présidences de Pompidou et de Giscard d’Estaing, le pays connaît aussi de véritables « années de plomb » à la française. Dans ces années-là, on tue un juge trop gênant. On braque des banques pour financer des campagnes électorales. On maquille en suicide l’assassinat d’un ministre. On crée de toutes pièces des milices patronales pour briser les grèves. On ne compte plus les exactions du Service d’Action Civique (le SAC), la milice du parti gaulliste, alors tout-puissant.
Cette violence politique, tache persistante dans l’ADN de cette Ve République à bout de souffle, est aujourd’hui largement méconnue.
En sillonnant le pays à la rencontre des témoins directs des évènements de cette époque – députés, journalistes, syndicalistes, magistrats, policiers, ou encore anciens truands-, en menant une enquête approfondie, Etienne Davodeau et Benoît Collombat nous révèlent l’envers sidérant du décor de ce qui reste, malgré tout, le cher pays de leur enfance…

Mon avis:

Je remercie les Editions Futuropolis pour ce partenariat lu dans le cadre de l’ opération La BD fait son festival de Priceminister.

Cher pays de notre enfance est à faire lire par tous!

Cette BD met en scène Etienne Davodeau et Benoït Collombat alors qu’ils enquêtent sur les fameuses années de plomb qu’a connu la France après la Guerre d’Algérie. Afin de rendre compte des résultats de leurs interviews, ils ont décidé de les retranscrire telles qu’elles se sont faites. C’est comme si on y assistait! Ainsi, le récit n’a pas l’air d’être une narration. Au contraire. Il n’en a l’air que plus vivant.

J’ai été frappée par ce qui est raconté dans ces pages. Je dois avouer, à ma grande honte, avoir une méconnaissance totale de cette partie de l’histoire de la France. En lisant cette BD, c’est une vraie découverte que j’ai fait. J’ai appris quelque chose. J’ai littéralement découvert que cette partie de l’histoire avait eu lieu. J’ai plusieurs fois eu l’impression de nager dans un récit rocambolesque. D’être dans un film de mafia. Ainsi, à chaque fois que je me suis rappelée que rien n’était inventé, que tout avait eu vraiment lieu, j’ai été frappée.

Frappée, c’est le mot qui correspond le plus à mon état d’esprit.

En parlant avec Chéri de cette BD, il me soulignait le fait qu’à l’école, les programmes scolaires s’arrêtent à la Seconde Guerre Mondiale. Est-ce que c’est parce qu’on n’a pas suffisamment de recul pour parler des années de plomb? Ou bien une volonté délibérée de ne pas en parler? D’oublier cette partie honteuse de notre histoire? Honteuse d’autant plus que certaines des personnes qui y ont joué un grand rôle sont encore au pouvoir actuellement?

Je ne suis pas spécialement une conspirationniste à la base mais en terminant cette BD, je ne peux pas m’empêcher d’être indignée, d’être révoltée par ce qui se passe encore actuellement. On parle de transparence mais en pratique, tout est fait pour mettre des bâtons dans les roues à ceux qui recherchent la vérité. Comment voulez-vous qu’on garde confiance en notre gouvernement après ça? Surtout quand on sait que notre pays est construit sur des bases floues, sombres dont on peut avoir honte.

Ensuite, ce que j’ai apprécié avec ce récit, c’est qu’il est raconté de manière dynamique, avec des touches d’humour.

Par exemple, dans une page où les enquêteurs parlent du meurtre par explosion d’une personne, quand ils demandent à un témoin qui à son avis peut en être coupable, j’ai ri devant sa réponse: « Bah, celui qui a posé la bombe ». Ce n’est pas voulu mais ça reste drôle.

Enfin, plus on avance dans l’histoire, plus on est amené à s’interroger. A réfléchir par nous-mêmes et les conclusions que nous faisons ne sot pas jolies-jolies. Au contraire. On se dit que c’est fou à quel point cette époque a encore une influence sur notre quotidien, à quel point nos vies sont imprégnées de ces années de plomb.

En conclusion, je dois dire que j’ai adoré cette BD. C’est très instructif sans jamais être ennuyeux. J’ai bien aimé le coup de crayon et la façon de raconter. C’est vraiment parfaitement fait pour que des personnes comme moi, comprennent réellement en quoi ont consisté les Années de plomb et leurs conséquences sur aujourd’hui.

Je lui attribue donc une note très élevée mais méritée de 20/20 car je ne trouve rien à y redire. Je n’ai aucun reproche à formuler à part peut-être le fait que la fin soit inachevée, mais cela se comprend au vu de ce qu’il se passe aujourd’hui.

Futuropolis

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2 commentaires sur « [BD] Cher pays de notre enfance »

  1. Je ne passerai pas à côté de cette BD (je suis déjà passée à côté de l’opération BD de Priceminister donc je ne peux pas tout rater hein ^^ ).
    Cette période de l’histoire est réellement peu évoquée et il y a de quoi se demander pourquoi. Heureusement, certains auteurs savent en parler et nous livrer certains faits. Je suis curieuse de voir et lire ce contenu.
    Merci Aveline!

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