Déguster le noir – Collectif

Synopsis:

Nicolas Beuglet, Christian Blanchard, Pierre Bordage, Patricia Delahaie, Sonja Delzongle, R. J. Ellory, Jacques Expert, Jérémy Fel, Nicolas Jaillet, Anouk Langaney, Ian Manook, Bernard Minier et Cédric Sire: treize auteurs prestigieux, maîtres incontestés du frisson, nous entraînent dans une cinquième exploration sensorielle inédite autour du goût.
Autant de nouvelles originales, singulières et terrifiantes à la rencontre de personnages succulemment cruels; autant d’histoires délicates qui satisferont papilles et méninges les plus affûtés.
Un recueil plein de vengeance, de coups bas et mortels, à savourer froid au chaud, avec tous les sens en alerte.

Mon avis:

Je découvre la plume de Bernard Minier alors que ça fait des années que je me dis qu’il faut que je le fasse. Sa nouvelle se passe en Irak après les attentats de 2001 et m’a complètement prise au dépourvu car elle mêle fantastique et réalité. Elle ouvre donc ce recueil avec brio et plus dans le thème que ça, ce n’est pas possible. C’est fort, très fort, d’autant plus quand on superpose la scène avec le fond diffusé par le poste de télévision et ce qui est dit. Un goût de trop peu pour Le goût des autres. Je suis fan!

Les nouvelles de Anouk Langaney et Cédric Sire frôlent avec la folie. J’aimerais dire que j’ai ressenti de la sympathie pour leur héroïne mais ce serait mentir. En fait, c’est le contraire, je les ai détestées. Elles n’écoutent rien ni personne et ne remettent rien en question tant elles sont obnubilées par elles-mêmes. Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi égocentrique et si on déguste le noir, c’est plutôt dans un sens métaphorique avec ces nouvelles. Le noir, c’est les actes mais ça commence aussi dans la psyché et ces auteurs nous le démontrent bien.

J’ai été très agréablement surprise par Joé de Christian Blanchard. Joe m’a fait penser à La ligne verte par rapport à ce qu’il a suscité en moi: de la tristesse, beaucoup de tristesse. Joe est plein de poésie et d’une naïveté qui émeuvent. A l’instar de ce roman, j’ai terminé Joé avec des larmes dans les yeux et le ventre noué. Je ne pensais pas être autant émotionnellement investie en si peu de scènes mais la magie de la plume de Christian Blanchard a pris et j’en raffole! C’est la nouvelle la plus belle que j’ai lue dans ce recueil, au niveau des émotions qui passent à travers les mots. Bravo!

Jérémy Fel a réussi à me surprendre. L’action qu’il décrit Dans l’arène est faite d’un rebondissement qui m’a totalement prise au dépourvu et qui a fait complètement changé d’ambiance l’intrigue. Comment ne pas penser à ce film avec Jim Carrey? Et en même temps, comment ne pas être révolté devant la noirceur que peuvent avoir certaines personnes? La chute de cette nouvelle est franchement parfaite. Pleine d’ironie et de matière à réflexion. On en veut encore tant il y a de potentiel à développer ici.

Jalousies s’ancre dans notre quotidien. Sonja Delzongle nous décrit la vie d’une femme qui pourrait être nous et ça fait vraiment réfléchir. C’est triste, dans un autre registre que Joe et en plus de ça, c’est déprimant. Vraiment, le noir prend là une autre dimension. Il y a juste la fin qui nous laisse interrogateur car on se demande ce qu’il s’est passé. On ne peut s’empêcher de se demander à quoi pensait l’héroïne.

La visite de Nicolas Beuglet ne m’a pas laissée indifférente. Après l’avoir finie, j’étais mal à l’aise car ce qui est décrit est glauque, sombre mais surtout, ça flirte avec le dégueulasse. Physiquement parlant, j’étais dégoûtée. J’en ai des frissons rien que d’y penser. Brrrr! C’est peut-être elle qui va me hanter encore longtemps après ma lecture.

Feijoada de Ian Manook m’a fait retrouver Raymond et me dire qu’il faut décidément que je lise les autres nouvelles de cet auteur. En effet, j’ai clairement eu l’impression qu’il déroule une histoire complète sur plusieurs nouvelles et j’ai très envie d’en connaitre le tout début.

Enfin, R.J Ellory conclut ce recueil avec une Scène de crime qui commence comme une dystopie. En cette période de l’année, avec le réchauffement climatique, le début de sa nouvelle sonne étrangement prémonitoire. C’est pourquoi mon attention a été encore plus captivée. Encore une fois, il y a un gros potentiel à développer avec le monde qu’il décrit. Le contexte donne très envie d’en lire plus sur lui car on a vraiment envie de voir ces circonstances s’améliorer.
Et puis, l’action nous emmène sur un autre terrain et là, c’est fort car le héros se transforme. Tout à coup, toute la nouvelle se remodèle pour se finir sur une note attendue et surprenante à la fois. C’est savoureux!

En conclusion, Déguster le noir nous fait découvrir la noirceur humaine sur tous les registres et les genres. Comme pour les autres recueils, j’ai des nouvelles préférées mais ce recueil comporte peut-être le plus grand nombre de nouvelles m’ayant fait réagir et sur lesquelles j’ai un avis prononcé. Je me suis régalée avec sa lecture!

4 commentaires sur « Déguster le noir – Collectif »

    1. C’est le 2e recueil que je lis autour du noir, le premier était Ecouter le noir. J’adore le concept et je pense que je partirai à la découverte des autres sens 🙂

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