The grace year – Kim Liggett

Synopsis:

« Personne ne parle de l’année de grâce. C’est interdit.
Nous aurions soi-disant le pouvoir d’attirer les hommes et de rendre les épouses folles de jalousie. Notre peau dégagerait l’essence pure de la jeune fille, de la femme en devenir. C’est pourquoi nous sommes bannies l’année de nos seize ans : notre magie doit se dissiper dans la nature afin que nous puissions
réintégrer la communauté. Pourtant, je ne me sens pas magique. Ni puissante. »
Un an d’exil en forêt. Un an d’épreuves. On ne revient pas indemne de l’année de grâce. Si on en revient.

Mon avis:

Ce titre m’a interpelée car le résumé me faisait penser à The handmaid’s tale et j’étais curieuse de voir comment le thème serait développé.

Nous faisons donc connaissance avec Tierney. Esprit libre, indépendant et rebelle, elle aspire à autre chose qu’une vie de femme au foyer. Il faut dire qu’elle est observatrice et qu’elle s’est rendue compte que du jour au lendemain, un homme peut renier sa femme pour des raisons fallacieuses, tout ça pour en épouser une autre, dès le lendemain.

L’année de leurs seize ans, toutes les jeunes filles sont envoyées aux fins fonds des bois pour éliminer la magie qu’elles renfermeraient en elles: celle qui rendrait les hommes fous.

Malheureusement, on réalise vite que cet exil s’apparente plus à des Hunger Games qu’à une retraite car sur le chemin qui les mène à leur camp de base, il y a déjà des morts à déplorer, sans parler de la folie mystique qui s’empare des filles après quelques semaines d’isolement.

Au milieu de tout cela, Tierney est la voix de la raison. Elevée dans la science, elle ne croit pas aux superstitions qui s’emparent du groupe mené par Kiersten qui en a clairement après Tierney.

Tierney aurait pu m’être sympathique. Pourtant, au départ, elle m’a beaucoup agacée. Elle est observatrice, oui mais elle tire ses propres conclusions sans réfléchir. Comme le dit sa mère, ses yeux sont ouverts mais elle ne voit rien. J’ai trouvé que cette remarque était très d’à propos. Elle en a dans la tête, c’est sûr, mais elle manque clairement d’intelligence sociale et là, c’est un choix qu’elle ne peut que se reprocher. Donc, oui, au premier abord, elle n’est pas attachante.

Quant à l’action, elle nous montre la facilité avec laquelle l’Homme devient son propre prédateur, que quelquefois, il faut craindre ce qui est proche de nous et non ce qu’on ne voit pas. C’est effrayant de réaliser que, sans limites imposées par la société, les instincts les plus primaires refont surface.

Le cheminement initiatique de Tierney est la partie qui m’a le plus captivée car c’est là que son regard déchire le voile qu’elle portait, qu’elle commence à réfléchir et à comprendre la réalité. Jusque-là, Tierney avait tendance à, volontairement ou non, tout ramener à elle et à se poser en victime incomprise. Désormais, elle grandit et gagne en maturité. Ouf! Un peu plus et c’était fini, je la détestais!

L’intrigue introduit de plus une réflexion sur la féminité et la manière dont elle est perçue par la société. Elle nous montre que la fiction n’est pas éloignée de la réalité. Au contraire, elle ne se pare pas de fard. Cette réalité crue ne peut que nous faire réagir car comme l’héroïne, on veut se révolter contre les lois imposées par les hommes. On est en colère, on déteste ce patriarcat. Les hommes exercent un pouvoir sur les femmes, un pouvoir qu’on exècre mais qui n’est pas remis en question.

Après cet éveil, on se doute que la Révolution ne peut pas encore avoir lieu. Ce ne sont que des prémisses.

The grace year est le récit d’une prise de conscience, de la longue naissance de ce qui devrait exister naturellement: la solidarité féminine.

La fin du roman peut être considérée comme douce-amère car il n’y a pas de résolution du vrai problème. Pour ma part, je choisis de la voir comme une fin ouverte pour une suite qui sera, je l’espère, à la hauteur de ce premier tome.

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