Saga La chronique des Bridgerton, tome 1: The duke and I (Daphné et le duc) de Julia Quinn – Critique comparée du roman et de la série

Synopsis:

À la naissance de son fils, le duc de Hastings jubilait. Hélas, l’enfant bégaie ! Affront insupportable pour le duc, qui l’a renié sans pitié. Le jeune Simon a grandi, solitaire et assoiffé de revanche. Après de brillantes études, il a bourlingué de par le monde jusqu’à la mort de son père, et c’est désormais porteur d’un titre prestigieux qu’il rentre en Angleterre. Il est aussitôt assailli par une horde de mères prêtes à tout pour marier leurs filles. Mais Simon ne s’intéresse pas aux débutantes. Sauf peut-être à Daphné Bridgerton, qu’il a rencontrée dans des circonstances cocasses. Comme Simon, elle voudrait juste qu’on la laisse en paix. Une idée machiavélique naît alors dans l’esprit du jeune duc…

Mon avis sur la première saison de l’adaptation:

Chose inhabituelle, mon avis se fera en fonction de la série que j’ai découvert en premier avant de passer au roman.

A son lancement, cette série a fait couler beaucoup d’encre. Produite par Shonda Rhimes à qui on doit des séries très connues comme Grey’s anatomy ou Scandal, elle met en scène, sur un pied d’égalité, Noirs et blancs, dans la société anglaise à l’époque de la Régence.

Bien que certains aient fait un rapprochement avec Orgueil et Préjugés, ce que je peux comprendre au vu des premières impressions ressenties par Daphné et Simon lors de leur rencontre, cette première saison se démarque en s’écartant des schémas de romance habituels.

En effet, la série met un point d’honneur à nous présenter les autres membres proéminents de la famille des Bridgerton, tels qu’Anthony dont les indices laissent entrevoir une deuxième saison qui lui est consacrée, Colin ou Eloise qui a des aspirations résolument modernes mais dont la hargne m’a rapidement agacée.

Riche en couleurs acidulées, elle dénote un contraste saisissant lorsque les héros se retrouvent mêlés aux gens du peuple et pourrait être superficielle. Pourtant, on se prend au jeu et on prend plaisir à suivre les aventures de cette famille dont les membres s’adorent. On ne remet pas en doute la complicité et l’affection qui les unissent.

J’ai de plus beaucoup aimé la bande-son de la série, qui utilise des musiques modernes retranscrites sur les instruments de l’époque et qui les mêlent à d’autres morceaux, plus classiques. On reconnaîtra ainsi Chopin et Mozart mais également Taylor Swift ou Billie Eilish, entre autres. En apportant un air moderne à l’action, ces musiques ajoutent un peps à celle-ci et jamais, on ne s’ennuie.

Je n’ai jamais été gênée par la couleur de la peau des personnages. Bien sûr, c’est anachronique mais vous ne pouvez pas accepter la retranscription des chansons d’aujourd’hui et en même temps, refuser la diversité à l’écran. Cela dénote une hypocrisie et un racisme mal/non assumé auquel je ne répondrai pas…

Finalement, ce qui me dérange le plus, se trouve dans l’épisode 6. La fameuse scène. Une qui a également fait couler de l’encre. Je ressens une perplexité mitigée quant à celle-ci. Bien que je comprenne les motivations des deux héros, je suis assez chagrinée par la manière dont cela a été traité. Je sais qu’il faut voir cette série d’un oeil indulgent afin de « pardonner » à Daphné ce qu’elle fait, d’autant plus qu’on retrouve cette scène dans le roman, mais rien à faire. Je trouve dommage de ne pas traiter sur le fond, la notion de consentement. Sans vouloir s’appesantir dessus, le choix a été fait de passer outre ce problème qui est pourtant très d’actualité, peut-être parce que pour beaucoup, le viol conjugal ne se fait que dans un sens? Je reste donc chagrinée sur ce point-là.

La fin de saison m’a semblé longuette dans le sens où j’ai eu l’impression que les moments importants se retrouvaient noyés, qu’il y avait du remplissage. Je dois dire que je me suis un peu ennuyée surtout qu’on a droit à des scènes toujours remplies de colère et d’incompréhension entre les tourtereaux.

Pourtant, malgré un dernier épisode synonyme de HEA pour eux, on sent largement venir une deuxième saison. Je ne doute pas qu’elle sera annoncée au vu du succès de ce lancement de Noël et bien qu’il est vraisemblable que cette deuxième saison se concentre sur Anthony, l’aîné de la fratrie Bridgerton, j’espère tout de même retrouver Daphné et Simon dans la construction de leur nouveau quotidien.

Mon avis sur le roman:

Le ton du roman est résolument différent de celui adopté par la série. On y trouve une légèreté et un ton comique qui détonne, surtout dans la manière dont Daphné et Simon se rencontrent. La série se concentrait sur les usages de la société. Ici, l’accent est mis sur les personnages, sur le contexte dans lequel ils ont grandi.

Par exemple, je n’avais pas remarqué que l’ordre des initiales des prénoms de la fratrie Bridgerton était lié à l’ordre de naissance de ceux qui les portent. Une fois que vous savez cela, il devient plus facile de retenir les prénoms des personnages.

Ou alors, j’ai apprécié de comprendre pourquoi la chronique de Lady Whistledown faisait tant de scandale tout en étant si populaire auprès de ses lecteurs.

Toujours est-il que j’ai passé un super moment avec ce roman. Autant la série m’a fait éprouver de la colère et du ressentiment, autant là, ma lecture a été fluide et parsemée de rires. Surtout avec la scène de la nuit de noces des héros. Je ne pensais pas m’esclaffer autant alors c’était une très bonne surprise.

Il y a des différences notables. Certaines sont insignifiantes et d’autres, comme celles liées au twist qui sépare Daphné et Simon avant leurs retrouvailles, changent littéralement notre manière de voir les héros. Ca va paraître nébuleux dit comme ça mais par exemple, les épisodes 6 à 8 partent dans une direction diamétralement opposée du roman quant à la fameuse scène dont je vous parlais plus haut et ses conséquences. Bien sûr, cette scène est bien présente mais ses circonstances sont totalement différentes. Quelque part, on ne ressent pas le même outrage que devant l’adaptation. En nous plongeant dans la tête des personnages, on comprend que le véritable problème se trouve ailleurs. Les actes de Daphné trouvent une sorte de rédemption dans le sens où ici, il n’y a pas de préméditation de sa part à elle et dans le sens où Simon lui-même a encouragé cette fin. Finalement, les frontières sont plutôt floues, nous laissant la liberté d’interpréter la scène comme on le veut.

Ainsi, la série a choisi de mettre l’accent sur un manque de dialogue et de compréhension de la part du couple l’un envers l’autre. Les scénaristes ont préféré nous faire mariner dans une ambiance de colère et de ressentiment avant de résoudre, hâtivement à mon sens, la situation pour introduire le HEA du couple. Julia Quinn, elle, résout ces problèmes rapidement mais a préféré faire mariner les personnages tout en nous faisant, à nous, comprendre que cela ne durera pas. On ne ronge pas notre frein comme devant la série.
C’est là que l’auteure choisit d’insuffler des notes de légèreté et de nous faire sourire en faisant intervenir la famille Bridgerton. Elle parvient par ces quelques scènes à démontrer la proximité de ses membres. C’est mignon à lire.

En conclusion, on retrouve dans l’adaptation l’essence des romans concernant l’histoire. Bien que quelques détails soient altérés ou que des personnages aient été inventés pour la série, cela n’empêche pas d’apprécier les deux supports indépendamment l’un de l’autre.

Pour ma part, je continuerai avec plaisir de découvrir les aventures des Bridgerton, tant au niveau de la série que des romans.

15 commentaires sur « Saga La chronique des Bridgerton, tome 1: The duke and I (Daphné et le duc) de Julia Quinn – Critique comparée du roman et de la série »

  1. J’ai adoré la sérié ! En même temps, je suis une grande fan de romances historiques. J’ai beaucoup aimé les personnages, l’intrigue autour de Lady Wisthledown et la BO. Du coup, je me suis jetée sur le livre le jour de sa sortie.
    Mais il est dit dans le premier et aussi dans le dernier épisode que les Bridgerton ont des prénoms par ordre alphabétique ^^. D’après ce que j’ai lu, il se pourrait bien que la série continue d’être adaptée en fonction des romans soit une saison par Bridgerton.
    Ce que tu dis sur le livre est vraiment très encourageant. J’ai hâte de le lire 😀

    1. Effectivement, je pense que chaque saison respectera les livres. D’ailleurs, on voit trop les indices pour la saison 2, sur Anthony. Et ils ont posé des jalons, je trouve, pour la saison 3 et 4. Ca donne envie ! 🙂

  2. J’ai comme toi d’abord découvert la série – je suis en plein dedans !
    Je ne sais pas encore si je lirai les livres, mais en tout cas ton article est très intéressant !

  3. Ton article est super intéressant. Moi qui ai quelques difficultés à dissocier les différents supports d’une œuvre, je pense ne pas apprécier le ton donné à la série. Je pense quand même lui laisser sa chance.
    Dans tous les cas, j’ai adoré les romans et j’ai hâte que le second intégrale soit disponible pour continuer de découvrir cette fratrie haute en couleurs.

    1. C’est marrant car toutes les personnes qui ont lu les romans et ne connaissent pas la série, ont des appréhensions par rapport à celle-ci. En temps normal, je suis pareille! Mais là, je pense avoir eu de la chance d’avoir découvert les Bridgerton dans l’autre ordre car du coup, j’ai peut-être moins d’attentes 🙂

      1. C’est souvent le cas avec n’importe quelle adaptation me concernant. Seules 16 Lunes m’a donné envie de découvrir les romans par exemple.

        1. Là, tu parles d’un des seuls bouquins que j’ai abandonnés dans ma vie 😉 Je sais pas si c’est parce que j’étais à fond dans Twilight à l’époque, mais le lire juste après, c’était juste pas possible

          1. Ah oui ? C’est vrai que le style peu paraître assez pompeux mais j’ai beaucoup apprécié cette saga qui méritait un autre traitement quant à son adaptation 😉

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