Libération – Patrick Ness

Synopsis:

Nous sommes samedi, c’est l’été, et Adam Thorn ne le sait pas encore mais sa vie est sur le point de basculer. Entre les avances déplacées de son chef à la pizzeria où il travaille, son rendez-vous amoureux avec Linus pour qui ses sentiments ne sont pas clairs, le coup de main qu’il doit donner à son père à l’église et la fête de départ de son ex, Adam a du mal à faire face aux sentiments contradictoires qui l’habitent. Mais pendant ce temps, au bord du lac, l’esprit d’une jeune fille assassinée se réveille, en quête de vengeance et de libération…

Mon avis:

Je remercie les Editions Gallimard Jeunesse/On lit plus fort pour leur confiance renouvelée.

Cela faisait un moment que je voulais découvrir la plume de Patrick Ness alors Libération était une opportunité parfaite. En plus, j’avais envie de renouer avec le fantastique alors ce roman faisait une pierre deux coups. Il faut dire que le résumé promettait quelque chose d’original alors je n’ai pas résisté longtemps.

Premier constat: J’ai eu du mal à entrer dans le récit. Non, en fait, j’ai eu du mal avec les envolées de lyrisme de Patrick Ness. Ce qui est bien, c’est que l’histoire alterne les points de vue. D’un côté, nous avons Adam. Adam est issu d’une famille ultra catho. Le père est prêcheur, le frère est en bonne voie pour suivre les traces de leur père et la mère est finalement absente dans ce récit. Tout l’entourage d’Adam sait qu’il est gay. Depuis qu’il est tout petit, ses goûts n’ont pas laissé de doute quant à son orientation mais tous ferment les yeux. C’est plus facile comme ça. Alors, ce n’est pas étonnant qu’Adam n’ait jamais fait son coming-out et se serve de sa meilleure amie, Angela, comme alibi lorsqu’il veut retrouver son petit-ami Linus. Oui, mais Adam ne va pas bien. Il vit de plus en plus mal son secret pas si secret que ça. C’est grâce aux chapitres de son point de vue que j’ai maintenu ma lecture parce qu’on ne peut pas rester insensible devant ses ressentis. On se reconnaît dedans. Il nous parle.

Et quelle importance qu’il s’agisse d’un amour de quinze, puis seize ans? En quoi cet amour était-il moins fort? Ils étaient plus vieux que ces deux idiots dans Roméo et Juliette. Pourquoi les gens qui ne sont plus des ados méprisent-ils systématiquement tous les sentiments qu’ils ont éprouvés à cet âge-là? Et quelle importance qu’il vive autre chose ensuite? Ces jours à la fois douloureux et euphoriques qu’il avait vécus n’en seraient pas moins vrais. LA vérité, c’est toujours maintenant. D’autant plus quand on est jeune.

Ce sont les chapitres du point de vue de Katie qui ont été déroutants. Katie s’est fait tuer récemment et son esprit s’est réveillé en quête de vengeance. Suivie par un faune, elle se remémore peu à peu ce qui l’a menée à son funeste destin et ce n’est que progressivement que je me suis prise au jeu pour elle.

A priori, les chemins d’Adam et de Katie n’ont rien en commun.

On a l’impression pendant toute la première moitié du roman de lire deux intrigues bien distinctes mais cela permet de bien appréhender les enjeux pour les héros.

Adam est empêtré dans des problèmes bien terre-à-terre. Il s’enlise dans une quête dont il sait qu’il doit se remettre sans parvenir à trouver comment.

A côté, le problème de Katie est plus grave. Elle est coincée dans une sorte de dimension dont on devine l’issue mais on n’a qu’une question: est-elle liée d’une façon ou d’une autre à Adam? Comment? Alors, on élabore des théories, on imagine mille scénarios et sans qu’on ne s’en rende compte, les pages défilent. Vous arrivez à près de cent pages de la fin et vous réalisez alors que vous avez été tenus captifs par les pages. Vous les avez dévorées.

La partie d’Adam est en fait une quête. Le but est l’acceptation de soi. L’affirmation que quelquefois, il faut savoir prendre les armes pour se défendre et défendre ses convictions. C’est un coup de poing: le bonheur, ce n’est pas d’être accepté par les autres, c’est aussi le fait de vivre en paix avec soi-même.

Il y a aussi un autre message par le biais de Wade: le harcèlement sexuel ne touche pas que les femmes. Au vu des dernières actualités ces mois-ci, c’est une piqûre de rappel. Et là encore, il faut savoir oser s’affirmer mais surtout affirmer sa volonté. Patrick Ness nous rappelle qu’il n’y a pas besoin qu’il soit prononcé pour que l’autre comprenne qu’un non est un non.

Au-delà de ces aspects sociétaires, j’ai été conquise par la quête identitaire d’Adam et sa réalisation progressive. C’était comme le voir faire son deuil en accéléré et à travers lui, c’était comme si je grandissais.

Quant à la fin du récit, là où tout se dénoue, je ne déplore qu’une chose: j’ai trouvé la fin légèrement précipitée et confuse. Quand j’y réfléchis, je peux présumer certaines choses mais n’empêche, j’aurais voulu une fin moins ouverte pour le coup.

Libération est donc une expérience concluante pour ma part. Même si j’ai mis du temps à être conquise par la plume de l’auteur, j’ai été prise par le récit et ai fini par le dévorer. Je pense que je découvrirai donc avec plaisir la trilogie phare de l’écrivain pour prolonger le plaisir.

7 commentaires sur « Libération – Patrick Ness »

  1. De Patrick Ness, je n’ai lu que Quelques minutes après minutes qui m’avait bouleversé. J’ai hâte que ma réservation pour celui-ci arrive à la médiathèque. Je crois que la lecture sera repoussée pour avril. En attendant, pour mars, j’ai lu les deux tomes de La mort de Staline que j’ai beaucoup aimé. Je vais essayer de voir si tu as publié un article.

          1. Il y a celui que je viens de finir, Today we live d’Emmanuelle Pirotte. Ce n’est pas un coup de coeur, ni le plus original en la matière, mais il se laisse lire. The Miniaturist qui m’a aussi beaucoup plus récemment et qui a fait l’objet d’une adaptation par le biais d’une mini-série.

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