Le meilleur des mondes – Aldous Huxley

<

Synopsis:

Bienvenue au Centre d’Incubation et de Conditionnement de Londres-Central. À gauche, les couveuses où l’homme moderne, artificiellement fécondé, attend de rejoindre une société parfaite. À droite : la salle de conditionnement où chaque enfant subit les stimuli qui plus tard feront son bonheur. Tel fœtus sera Alpha – l’élite – tel autre Epsilon – caste inférieure. Miracle technologique : ici commence un monde parfait, biologiquement programmé pour la stabilité éternelle… La visite est à peine terminée que déjà certains ricanent. Se pourrait-il qu’avant l’avènement de l’État Mondial, l’être humain ait été issu d’un père et d’une mère ? Incroyable, dégoûtant… mais vrai. Dans une réserve du Nouveau Mexique, un homme Sauvage a échappé au programme. Bientôt, il devra choisir : intégrer cette nouvelle condition humaine ou persister dans sa démence…

Mon avis:

Ce roman est un classique qu’on ne présente plus mais pour ceux et celles qui ne l’ont pas encore lu, sachez qu’il se situe à mi-chemin entre la critique et la dystopie.

Sur le côté dystopique, la société est conditionnée dès le plus jeune âge. Chaque individu devient donc prédisposé à appartenir à une des classes qui composent la société et tout ce qui entraîne de fortes émotions est censuré; l’art, la science, l’amour… Laissons l’administrateur et seul législateur de Londres, Menier, présenter pourquoi:

Notre monde n’est pas le même que celui d’Othello. On ne peut pas faire de tacots sans acier et l’on ne peut pas faire de tragédies sans instabilité sociale. Le monde est stable à présent. Les gens sont heureux; ils obtiennent ce qu’ils veulent et ils ne veulent jamais ce qu’ils ne peuvent obtenir. Ils sont à l’aise, ils sont en sécurité, ils ne sont jamais malades, ils n’ont pas peur de la mort. Ils sont dans une sereine ignorance de la passion et de la vieillesse, n’ont pas d’épouses, pas d’enfants, pas d’amants au sujet desquels ils pourraient éprouver des émotions violentes.

En somme, les habitants de ce monde se conduisent comme des robots.

Nous suivons plusieurs personnages.

Lenina est une belle jeune femme qui a dû appartenir à des dizaines d’hommes depuis qu’elle est pubère. Dans cette société, tout le monde couche avec tout le monde. La monogamie est interdite et la sexualité est un passage obligatoire dès l’âge de douze ans. Il faut dire que les manipulations génétiques sont telles que les personnes ont un physique adulte dès cet âge.
Par le biais de Lenina, l’auteur fait une critique de la société de consommation où tout est voulu et obtenu tout de suite.

Bernard semble être indépendant des autres dans le sens où on dirait qu’il pense par lui-même et rejette le soma, une drogue artificielle qui abrutit et abolit la raison. En fait, il nous montre combien les hommes sont prompts à oublier leurs principes lorsque leur intérêt prime dessus.

Et nous avons John le Sauvage. Il a été amené à Londres par Bernard alors qu’il a été élevé de façon traditionnelle, celle que l’on connaît.

Dans une société ou les hommes et les femmes ne naissent pas mais sont créés in vitro, il est le seul être à ne pas avoir été conditionné.

S’ensuit un dialogue entre lui et Menier qui nous rappelle Candide de Voltaire. L’un défent l’embrigadement et la raison tandis que l’autre s’étonne devant ceux-ci et y oppose la liberté et la passion. Cette plaidoirie est d’ailleurs actuelle: ne sommes-nous pas conditionnés par les publicités incessantes de la télévision pour acheter tel produit à tel moment? Avez-vous remarqué que les spots pour les produits Kinder (par exemple) ne sont diffusés que le matin vers dix heures et l’après-midi à la sortie des cours? Justement à l’heure des goûters?

Bien sûr, ce récit est écrit de manière classique donc j’avoue avoir passé des pages, à cause de la longueur de certaines phrases. Cependant, il est percutant particulièrement dans les dialogues. Ils entêtent, marquent et laissent une forte impression.

Le meilleur des mondes se finit de manière abrupte et pessimiste mais au final, c’est une lecture que je conseille à tous car ce roman amène de bonnes bases de réflexion.

35 commentaires sur « Le meilleur des mondes – Aldous Huxley »

  1. Je suis contente d’avoir fait cette lecture avec toi!!!J’ai l’impression qu’on a ressenti un peu la meme chose mais nos ressentis écrits sont bien différents, j’adore ce que tu en dis…J’espere qu’on s’en fera plein d’autres!!;) Contente de t’avoir motivée sur cette lecture, j’attends maintenant tes suggestions…..;)

          1. Hihi moi je laisse cette partie aux hommes lol je m’occupe de la coordination 😋 mais je reconnais que j’en ai pas mal aussi, ils ont pas fini de pester lol

          2. Je culpabiliserai de ne faire que de la coordination, surtout que lui n’a qu’un seul carton pour l’ensemble de ses livres et de sa pal réunis -tu te rends compte?!)

          3. Ah bah moi je culpabilise pas parce que c’est aussi mon chéri qui veut pas que je le fasse lol ah bah je me rends bien compte, mon chéri ne lit pas du tout ou alors quelques bd mais c’est à peine une dizaine! Lol

  2. « Ce roman […] se situe à mi-chemin entre la critique et la dystopie. » Je trouve ça très très triste qu’on en vienne à préciser de telles choses, malheureusement peu évidentes pour, semble-t-il, de plus en plus de lecteurs (sinon j’imagine qu’on ne préciserai pas !). Suis-je donc si vieille à présent pour imaginer que toute SF, dystopie y compris, est censée être critique dans son essence même ? Surtout les utopies / dystopies, bien plus que les récits SF d' »aventure » qui sont effectivement parfois basés plus sur l’action ; la critique est censée être la pierre d’angle de ce sous-genre jusque dans les années 2010 où les néo-dystopies ont fait leur apparition – mais personne ne semble avoir remarqué le clivage violent qui s’est alors effectué dans la littérature de ce genre – alors que le nom a été repris, abusivement. :p.
    Cela fait quelque temps que j’ai envie de relire ce livre, découvert en Seconde, qui m’a effectivement laissé un souvenir amer (comme 1984, mais en un peu moins pire quelque part) car terrible et un peu trop juste dans ses idées et pistes de réflexions, en même temps qu’une impression de grande fluidité dans le style. J’ai récemment acheté la « suite », qui n’en est pas une parait-il mais plutôt une réflexion plus poussée sur le roman, cette fois-ci sous forme d’essai.

    1. J ai le projet de lire Retour au meilleur des mondes justement 🙂 et comme tu le dis je me sens obligée de préciser que c est une critique car j ai remarqué que le nouveau lectorat ne lit ou n a pas forcément lu les classiques et donc ne sait pas à quoi s attendre

      1. Hihi j’y compte bien mais pour l’instant je prépare mon déménagement alors j’ai garder mon stock de livres de secours mais la plupart sont en cartons lol je me demande quand même si il fait pas partie du stock, va falloir que je regarde 😉

  3. Pfiou j’ai lu ce livre au collège, c’est dire si ça remonte. Je me souviens de cette empreinte visionnaire. C’est clair qu’il donne à réfléchir. Merci pour ce flash back qui me fait dire que je devrais peut-être bien le relire!

  4. Je me souviens l’avoir lu en seconde je crois, après 1984. Ca fait vraiment réfléchir !!! Je ne pense pas que je le relirai, mais je suis contente de l’avoir dans ma bibliothèque 🙂

Laisser une empreinte

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.