[BD] Mon ami Dahmer – Derf Backderf

dahmer

Synopsis:

Derf Backderf a passé son enfance à Richfield, petite ville de l’Ohio située non loin de Cleveland. En 1972, il entre au collège, où il fait la connaissance de Jeffrey Dahmer, un enfant solitaire au comportement un peu étrange. Les deux ados se lient d’amitié et font leur scolarité ensemble jusqu’à la fin du lycée. Jeffrey Dahmer deviendra par la suite l’un des pires serial killers de l’histoire des États-Unis.

Mon avis:

Je remercie les Editions Ca et là pour ce partenariat lu dans le cadre de l’opération Angoulême de Priceminister.

Le prologue de ce roman graphique s’ouvre sur une route longue, droite mais toute en relief et immédiatement, peut-être parce qu’on connaît déjà le sort du personnage principal, Jeffrey Dahmer, ce dessin nous fait froid dans le dos.

Mon ami Dahmer est le second roman graphique que je lis. Émaillé de citations extraites d’interviews, il relate la jeunesse de celui qui deviendra un tueur en série avec lucidité et tente d’apporter des éléments de réponses quant à savoir comment ce jeune homme de la campagne est devenu un meurtrier multirécidiviste.

Au niveau des dessins, je dois confesser que ce n’est pas le coup de crayon vers lequel je me dirige instinctivement. Il est très rond, à la limite de la caricature mais sans dépasser cette limite. Lorsqu’on compare, par exemple, le Dahmer de la photo qui se trouve en début de livre et le Dahmer version dessin, on se rend compte que le dessin est en fin de compte très proche de la vérité. Les dessins ne nous plaisent pas au premier abord car les personnages ne sont pas beaux, ils sont communs et c’est ce qui donne à l’histoire relatée son accent de vécu.

Pour la psychologie des personnages, je félicite l’auteur car il a su nous faire ressentir à la perfection la détresse que dégage Dahmer jeune tout en nous rappelant bien que c’est sur ce Dahmer, jeune, qu’il faut s’apitoyer et non sur celui qu’il est devenu en passant à l’acte pour la première fois. L’auteur a choisi de raconter l’histoire en tant que témoin, premièrement parce qu’il a assisté directement à la jeunesse de Jeffrey Dahmer mais sans la dramatiser ou la dédramatiser. Il raconte la vérité nue, sans aucun fard. On se rend compte à quel point l’entourage peut être crucial dans le façonnement de la personnalité et à quel point il peut être soit bénéfique, soit le contraire.

Bien sûr, nous connaissons les clichés des tueurs en série : incapables d’empathie, issus de familles à problèmes, souvent victimes d’abus… Mais cette BD a le mérite de mettre en relief le fait qu’avant de basculer du côté sombre de la force, ce sont avant tout des victimes, des personnes fragiles qui n’ont plus aucun repère et à qui on n’a pas apporté l’aide dont elles avaient besoin.

A l’instar de Jay Asher dans 13 raisons, Derf Backderf nous montre que le chemin vers le bas n’est pas une pente descendante mais qu’elle est sinueuse, qu’elle comporte toujours des « points de lumière » , des points cruciaux qui auraient pu modifier le cours de la vie et c’est d’autant plus porteur de réflexion que lorsqu’on termine Mon ami Dahmer, on est sous le choc. On se dit, comme le narrateur, « quel gâchis ! »

Enfin, le récit percute parce qu’en plus des bulles illustrant l’histoire, l’auteur glisse des vraies photos et de cette manière, on ne peut jamais oublier que ce n’est pas de la fiction que l’on lit. Que tout ce qui est narré a vraiment eu lieu. Ca glace le sang. Je n’ai jamais lu de témoignages ou d’interviews sur les tueurs en série. Cependant, je pense que cette manière d’aborder le sujet, comme roman graphique, complète les reportages habituels car ici, sans être plongé dans la peau du tueur ni dans celle des proches des victimes, on comprend pourquoi les faits ont eu lieu. On comprend comment le tueur en est arrivé là.

En conclusion, je ne regrette absolument pas cette lecture ! Au contraire, elle m’a fait énormément réfléchir et je comprends tout à fait pourquoi elle a été nommée pour plusieurs récompenses. Mon ami Dahmer s’inscrit dans la ligne de ces récits qui prennent un fait extraordinaire, dans le mauvais sens du terme, pour le décortiquer sans tomber dans la simple énumération scientifique mais en gardant son humanité. Au final, cette autobiographie marque durablement et nous fait regarder à deux fois ces marginaux à côté desquels on passe toujours sans leur prêter attention.

Ma note : 20/20.

Cela peut paraître effarant de mettre une telle note à ce genre de récit, je le conçois, mais il est impossible d’y être insensible. On reste tout simplement bouche bée lorsqu’on referme Mon ami Dahmer.

logo

logo

3 commentaires sur « [BD] Mon ami Dahmer – Derf Backderf »

Laisser une empreinte

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.