Les pyromanes – Vincent Delareux

Synopsis:

Dans un village reculé de Normandie, Thérèse Sommer attise les passions et dicte sa loi: à son mari qu’elle trompe, à sa mère qu’elle méprise, à ses amants qu’elle consume.
Libre et indépendante, maîtresse de son petit monde, on ne lui connaît pas de rivale. Jusqu’à la naissance de sa fille.
Enfant non désirée, Françoise grandit entre haine et maltraitance. Nuit et jour, elle implore le Ciel et les saints de la libérer de la tyrannie de sa mère. L’une d’elles est de trop.
Françoise doit faire un choix: cultiver la flamme d’un cierge pour son salut ou allumer le brasier de la colère?

Mon avis:

Vincent Delareux nous emmène un peu plus en avant dans la famille de Victor Sommer.

Nous allons faire la connaissance de sa grand-mère, Thérèse, et ce n’est pas un euphémisme de dire que c’est un sacré bout de femme !

Si vous m’avez suivie sur Twitter alors vous aurez pu visionner les vidéos et promos que j’ai repartagées pour cet auteur super sympa et adorable qui est en train de se faire une place dans le monde du roman noir/psychologique français et qui n’a pas son pareil pour vous donner envie de découvrir son nouveau roman.

Si ce n’est pas le cas, alors, à quoi pouvez-vous vous attendre avec les Pyromanes ?

Laissez-moi vous prévenir que si vous êtes père ou mère, alors, votre cœur de parent va saigner en découvrant la vie de Françoise. Vous allez être ému et pris aux tripes par la façon dont Thérèse « élève » sa fille. Vraiment, quand on découvre l’environnement dans lequel elle a grandi, tout prend un sens, notamment la personne qu’elle est dans Le cas Victor Sommer.

Rassurez-vous, si vous n’avez pas lu ce titre, vous ne serez pas dépaysé car Les Pyromanes se concentre uniquement sur la vie de Françoise et quand je parle d’elle, impossible de la dissocier de sa mère, Thérèse.

Thérèse est une femme libre avant l’heure. Elle veut profiter de la vie à tout prix et ne laisse rien ni personne l’entraver. Monstre d’égoïsme, elle ne supporte aucune contrariété et son arrogance et son insouciance n’ont d’égaux que sa beauté.

Thérèse, on aurait pu l’aimer dans une autre vie. On aurait pu l’admirer, si elle faisait preuve d’un peu d’empathie pour autrui. On aurait même pu la porter aux nues si son traumatisme l’avait changée. Or, il n’en sera rien. Au lieu de cela, elle ravage tout sur son passage. C’est une tornade qui veut faire mal, emplie qu’elle est par la haine. Si on prend le temps de réfléchir sur son attitude, on a beaucoup de matière à l’analyser. Thérèse, c’est un cas d’école à elle toute-seule.

Il en est de même avec Françoise. Elle est née dans un milieu hostile, entourée de personnes qu’on ne lui envie pas. Quand on lit ce qu’il lui arrive, il y a comme un déclic qui se fait. Au début, on est hyper ému pour elle. On a mal pour elle et puis, à un moment, Vincent Delareux nous fait basculer. A un moment, on se surprend à avoir des pensées meurtrières. Son innocence brisée nous incite à la rage comme si son vécu était le nôtre.

Alors que l’histoire atteint un point de non-retour, on n’a qu’une envie, c’est de faire disparaître définitivement une certaine personne. C’est pour cela qu’à la fin du chapitre 23, j’ai souri. Je ne devrais pas, je devrais être horrifiée mais j’étais heureuse !

Bien sûr qu’il y a eu une bascule, mais vous ne pouvez pas lire les Pyromanes et rester tolérant. A un moment, il y a une telle injustice que oui, vous basculez, et qu’est-ce que c’est bon !

Et peut-être que c’est ça que je retiendrai de ce roman.

Si vous prenez du recul sur n’importe qui, tout devient un cas d’école.

Tout prend un sens et finalement, vous pouvez adhérer à n’importe quel acte, pourvu que votre empathie soit mise à contribution.

Les pyromanes, c’est le roman qui vous force à vous remettre en question et à admettre que vous avez des côtés noirs, vous aussi et que parfois, vous n’êtes pas loin de l’embrasement. Il y a des gens qui agissent comme une étincelle pour mettre le feu aux poudres et dont vous serez heureux quand le karma leur sautera à la figure. Vous allez ressortir de ce roman, lessivé, comme si vous aviez vécu la vie de Françoise. Mais surtout, vous n’oublierez jamais ce que vous avez ressenti à la fin du chapitre 23 et ça, ça pourra probablement vous perturber. Ou pas.

La dernière partie du roman est intégralement consacrée à Françoise. On sent le cheminement qu’elle prend comme une inéluctabilité. Vous savez ce qu’elle va devenir, si vous avez lu le roman de son fils, Victor. Cependant, une question nous taraude car entre la fin de la seconde partie et le cas Victor Sommer, il y a tout un gouffre. Comment est-elle passée de la jeune fille qu’on voit vivre à la mère qu’elle est?

En refermant Les pyromanes, vous réaliserez que vous avez lu une fresque familiale, un roman noir, très noir mais très haut en couleurs. Vous avez fait une plongée dans les profondeurs de l’âme humaine et jamais l’expression « les victimes deviennent bourreaux » n’aura eu tant de sens.

Conclusion, depuis trois ans, le style d’écriture de Vincent Delareux a gagné en maturité. Comme le vin, il s’est étoffé d’une richesse dont les pages nous happent et nous gardent captifs.
En fermant ce livre, je n’ai eu qu’une envie, enchaîner avec le cas Victor Sommer pour rester un peu plus dans l’univers des Sommer. Plus qu’un régal, c’était une superbe lecture qui m’a ravie au plus haut point.

Laisser une empreinte

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.