[BD] Le grand mort – Intégrale

Synopsis:

Tout avait été prévu pour que ce soit une semaine studieuse ! Pauvre Pauline ! Elle comptait se mettre au vert pour préparer sa maîtrise de sciences éco… La nuit recouvre la forêt bretonne et la « deuch » vient de tomber en panne d’essence juste devant chez Erwan, à 20 kilomètres de tout village. Erwan est un métis du genre placide. Solitaire, il vit simplement, entouré d’objets étranges. Il propose à Pauline de partager sa soupe et de l’héberger pour la nuit… Contrainte par les circonstances, elle finit par accepter… Tandis qu’elle mange, il parcourt un vieux grimoire traitant du « petit peuple »… Elle ricane de ces sornettes. Elle ignore, alors, que cette rencontre sera pour elle le point de départ vers un autre univers, un autre espace-temps, où toute sa vie et ses principes vont basculer… Les conséquences de cette aventure seront des plus surprenantes pour elle, pour son entourage, voire pour l’humanité…

Mon avis:

Comment vous parler de cette intégrale qui tient en huit tomes dont on ne voit pas passer les pages?

Le grand mort, c’est une allégorie. C’est la démonstration qu’on est bien petits dans ce monde et à l’échelle de l’univers. Le grand mort nous fait relativiser et voir nos problèmes autrement. Mais revenons au commencement.

Nous faisons la connaissance de Pauline, une étudiante parisienne qui se retrouve dans un coin paumé en Bretagne. Fumeuse et râleuse invétérée, à première vue, elle réunit les clichés des parisiens: citadine, incapable de se débrouiller dans la campagne. C’est là qu’elle rencontre Erwan. Lui, c’est la force tranquille. Il est peu bavard mais sa patience et son humour vont démonter toutes les idées reçues de Pauline.
Elle et lui, c’est pas du tout une évidence quand ils se rencontrent et puis, il faut savoir que la romance n’a qu’une place d’arrière-fond dans cette histoire. Néanmoins, c’est par eux que tout arrive.

Leur rencontre, c’est le carambolage de deux mondes. Justement, ça tombe bien, c’est littéralement ce qui fait l’action de cette BD.

En y mêlant de la fantasy, Régis Loisel et Jean-Blaise Djian nous racontent une fable, celle de notre monde, de notre société. Ils la mettent en contraste avec celle de l’autre peuple, qui croit dans l’harmonie de la nature et qui vit grâce à la magie. Le coup de crayon de Vincent Mallié vient donner une touche qui nous tient captifs de la BD tant elle est un plaisir visuel.

Le grand mort démarre sur des chapeaux de roue. Elle met en place des bases et en introduisant le personnage de Blanche et de Sombre, elle nous fait oublier toute notion de manichéisme car ceux-ci détonnent par rapport à leur prénom. Malgré quelques longueurs – il y a peut-être un ou deux tomes de trop à mon sens – et des détours pris vis-à-vis de l’histoire et des personnages, j’ai aimé suivre les péripéties de nos héros.

Il y a des touches d’humour qui émaillent des scènes archi sombres et d’autres scènes riches en humanité qui mettent notre empathie à contribution, tout ça pour encore plus nous marquer quelques scènes plus loin. Je pense notamment à Andrew.

Dans l’ensemble, Le grand mort est vraiment un joli conte. Il n’y a que la fin qui me fait pas mal réfléchir. On peut la retourner dans tous les sens et ce faisant, on se rend compte qu’on peut l’interpréter à notre manière. D’un côté, les optimistes y verront une fin positive; elle est riche en émotions et peut arracher quelques larmes mais elle est empreinte d’un message constructeur. De l’autre côté, je n’oublie pas ce qu’il s’est passé pour aboutir à ce résultat, ce qui a été sacrifié. Je vois également dans les dernières vignettes une ambivalence dans le message délivré. Même les dernières scènes sont douces-amères.

Au final, Le grand mort est une BD qui se déguste lentement et qu’ on lit plusieurs fois pour en décrypter tous les niveaux de lecture. J’ai passé un excellent moment de lecture avec et je la recommande si vous êtes amateurs de fables écologiques.