The last – Hanna Jameson

Résumé:

Jon pensait avoir largement de répondre au dernier sms de sa femme. Mais alors qu’il prend son petit-déjeuner dans le hall de l’Hotel Sixième en Suisse après une conférence, le monde se rappelle à lui avec d’atroces nouvelles. Washington DC a été effacée par une bombe nucléaire. Plus de nouvelles de New-York. Londres s’est éteinte. Berlin aussi. Voilà ce qu’il a le temps de comprendre avant que les média et les réseaux sociaux ne soient coupés à leur tour. Avant que le ciel ne se couvre de nuages oranges.
Deux mois plus tard, ils sont vingt survivants réfugiés dans cet hôtel connu pour son histoire teintée de suicides et de meurtres. Jon et ses compagnons d’infortune essaient de maintenir un semblant de quotidien. Jusqu’au jour où ils découvrent le corps d’une petite fille.
Les provisions s’amenuisent, les tensions s’affutent. Et si finalement le danger n’était pas à l’extérieur?

Mon avis:

Attention, dès les premières pages, vous serez captivé! En vivant l’action par le biais de Jon, on ressent immédiatement le drame de celle-ci et le côté tragique des regrets. Qui n’a jamais décidé de répondre plus tard à un sms en se disant que rien ne presse? Qui n’a jamais regretté de se séparer de l’autre en ressentant de la colère au lieu de prendre le temps de se rabobicher? En partant de ces premiers constats, nous ressentons d’emblée une empathie pour Jon alors que nous ne savons rien de lui. Vous ne le savez pas mais vous êtes cuit!

Bien que les survivants se retrouvent confinés dans un hôtel isolé en Suisse et que cela puisse vous faire penser à Shining, l’histoire ne tombe jamais dans l’horreur.

Bien qu’il est question de la mort d’une fillette, l’histoire ne tombe pas non plus dans l’enquête.

En fait, nous sommes quelque part à la croisée de ces genres et de celui de la survie.

Les survivants sont non seulement isolés par leur situation géographique mais également par le manque d’informations. Jamais nous ne savons ce qu’il s’est passé exactement ayant donné lieu aux attaques nucléaires.

Cependant, nous assistons aux conséquences de ces faits et cela nous glace d’effroi par plusieurs aspects.

La société qui se constitue sous nos yeux est digne des dystopies. Il n’y a pas besoin de satyre ou de critique de la société. Tout est là.

En glissant l’Homme dans le pur instinct animal et de survie, nous constatons des choses qui font peur. Confronté à l’extinction de sa race, les limites morales s’effacent. L’universitaire le plus gentil devient un prédateur et n’hésite pas à tuer afin de pourvoir à ses besoins. La personne la plus inoffensive vole pour se protéger, au risque de constituer une menace elle-même envers les autres. L’homme le plus civilisé pense à repeupler la Terre, très souvent contre le gré des femmes et tout ça pour quoi? Parce que c’est un devoir? Je serais des personnes qui pensent que sur une Terre inondée de radiations et de dangers à tout va, où tout manque comme la nourriture saine ou l’eau, il vaudrait mieux que la race humaine s’éteigne définitivement et laisse place à la Nature. D’autant plus lorsqu’après une tentative de viol, une femme doit en plus prouver qu’elle a été victime de ladite tentative. Vraiment, l’auteure nous montre la laideur de l’Homme sans rien nous épargner. Vous allez voir des personnes se disputer pour savoir qui a plus de valeur que les autres. Vous allez en voir d’autres faire preuve d’égoïsme et d’injustice. Vous allez être presque dégoûtés de voir la nature de l’Homme se révéler si bien que vous vous demandez à quoi ressemblera la fin de cette histoire.

Is it always going to be about what we want or is it going to be about the right thing to do?

Dans le même temps, nous reconnaissons des peurs liées à l’actualité américaine, véhiculées par les élections. Imaginez un monde où une population a voté massivement pour un leader ayant causé une guerre mondiale. Une guerre qui a elle-même engendré des millions de morts. Seriez-vous capables de ne pas ressentir une sorte de ressentiment envers toutes les personnes parlant la langue de ce leader? Seriez-vous capables de les dissocier de ce leader même si elles partagent la même nationalité ou pire, ont voté pour lui?
En fait, le choc passé, il est normal de rechercher un fautif, ce que démontre Hanna Jameson.

We were talking about a world that was gone. What was the point in us trying to assign blame now?

I can’t believe everyone is so fucking simple that they look at me and think I’m the reason we’re all here. The world didn’t go to shit because I voted for it. The world had long gone shit, it took years. We all watched it happen.

L’action du récit nous emmène véritablement au coeur de la nature humaine. Elle est sombre, elle est réaliste, elle ne montre aucune complaisance vis-à-vis de l’Homme.

Dans le même temps, alors que la fin du roman approche et avec elle, la fin de ce huis-clos, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous demander comment elle va être. Y aura-t-il une grande révélation? Y aura–t-il un bouleversement même si on ne l’attend plus?

Et puis, c’est là qu’on réalise ce que nous avions pressenti tout au long du récit. Ce n’est pas une simple histoire de survie. The last est surtout une histoire de l’après. Comme le disait Buffy, le plus dur n’est pas de mourir mais de vivre, de continuer à avancer alors que tout nous incite à rendre les armes. C’est le récit de ce qu’est la résilience humaine.

Bien que la fin soit plutôt sombre, j’ai passé un excellent moment avec ce roman. Ce récit d’anticipation peut faire peur, il fera certainement réagir mais il nous invite à la réflexion et à penser le monde et nos pairs autrement.

Je recommande donc chaudement The last pour tous les messages qu’il véhicule et les raisonnements qu’il nous force à faire. C’est un roman et un essai deux-en-un qui fait mouche.

2 commentaires sur « The last – Hanna Jameson »

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