Dix jours avant la fin du monde – Manon Fargetton

Synopsis:

Deux lignes d’explosions ravagent la Terre. Nul n’en connaît l’origine mais, quand elles se rejoindront au large de notre côte atlantique, notre monde sera détruit. Sur les routes encombrées de fugitifs qui tentent en vain d’échapper au cataclysme, six hommes et femmes sont réunis par le destin. Ensemble, ils ont dix jours à vivre avant la fin du monde…

Mon avis:

Je remercie Gallimard pour leur confiance renouvelée.

Dès que j’ai lu le résumé, j’ai su que ce roman allait me plaire. Je me suis trompée. En fait, il fait plus que me plaire. Je l’adore!

Les premières lignes donnent d’emblée le ton du récit. Bien sûr, vous saviez déjà que ce roman serait un drame mais là où est pris aux tripes, c’est dans cette plongée dans l’esprit des personnages qui trouve un écho en nous.

Que feriez-vous s’il ne vous restait que dix jours à vivre?

J’ai eu brièvement la peur d’avoir affaire à un récit d’une fuite en avant, que les personnages seraient toujours sur la route… Or, leur voyage se joue également sur un plan psychologique.

D’abord, il y a Gwen. Ecrivain de métier, la catastrophe a réveillé sa fibre artistique et il est plongé à corps perdu dans une quête terrible: il veut écrire le plus possible avant de mourir. Objectivement, formulé dans ces seuls termes, nous avons l’impression qu’il est voué à l’inutile. Pourquoi écrire alors votre vie va prendre fin? Pourquoi vous couper des personnes que vous aimez alors que vous pourriez passer vos derniers instants à les chérir? Mais à travers le personnage de Gwen, c’est une réflexion que nous offre Manon Fargetton: l’écriture, c’est également le moyen de dépasser son angoisse. Un moyen d’accéder à l’immortalité. D’oublier, l’espace d’un instant, que tout s’effondre autour de vous. C’est la promesse de garder espoir et de ne pas sombrer.

Commencer un livre, c’est avoir la responsabilité de le finir […] Raconter la meilleure histoire dont il est capable et la terminer, quoiqu’il en coûte, quelles que soient les difficultés à surmonter. Il n’a jamais dérogé à cette règle tacite. Et ce n’est pas la perspective de sa propre mort qui l’y poussera. au fil des années, il en a tué, des personnages, et chacun d’eux portait un fragment de lui. Il s’est familiarisé avec l’idée de la mort. Elle ne l’effraie pas ou peu. Ce qui l’effraie, c’est de ne pas savoir comment son roman se termine,, quel secret se trouve au bout du chemin, celui qu’il connaît déjà mais qu’il a besoin de redécouvrir. C’est tellement plus insupportable que de perdre la vie.

Ensuite, il y a Brahim. On s’attache irrémédiablement à lui. Il incarne une figure paternelle qui attendrit. Il s’émerveille des plaisirs simples de la vie et on a envie de le voir toujours sourire car son innocence nous émeut. On veut le protéger.

Toute une galerie de personnages défilent devant nos yeux et chacune des réactions de ces héros suscite notre empathie. On les comprend. On souffre avec et pour eux. On ressent cette colère et cette injustice qui les gagne, la rage de vivre qui les fait se mouvoir au lieu de sombrer dans un désespoir sans fond.

Dans le même temps, on ressent une sorte d’urgence. On sait quelle sera la fin du roman mais quelque part, on se demande: « et si? »
On a envie de croire qu’une happy end aura lieu, envers et contre tout. On est tenté d’aller lire directement les dernières pages et pour moi qui le fais tout le temps, c’est une sacrée victoire d’avoir résisté! Parce que j’ai adoré ressentir l’adrénaline me parcourir à chaque fois que j’ouvrais Dix jours avant la fin du monde. J’ai adoré dévorer les pages de ce roman comme si ma vie en dépendait. C’était réaliste, c’était plein de drames mais c’était également plein de vie. Manon Fargetton m’a fait ressentir jusque dans mes tripes à quel point la vie peut être précieuse, à quel point certaines choses sont vaines alors que le secret du bonheur, finalement, c’est dans les personnes qui nous entourent.

Je pensais ressentir ce qu’on peut ressentir dans un film d’action mais ce roman a suscité tellement plus que cela! C’est comme si j’avais échappé à la fin du monde et que je me retrouvais avec une nouvelle chance! Je reste sans voix devant une histoire d’une telle intensité. C’est tellement fort. Tellement… wouah!

Elle voudrait que demain n’arrive jamais. Elle voudrait se perdre dans le présent, arrêter le temps à cette seconde. Elle voudrait vivre une vie entière en un claquement de doigts. Elle voudrait savoir ce que cela fait de se réveiller auprès d’un homme qu’elle aime depuis dix ans. Vingt ans. Trente, pourquoi pas. Et même si ce n’était pas son destin, même si elle n’aurait jamais vécu cela, elle voudrait savoir tout de même les déchirements et les douleurs, les pertes et les doutes, et puis les lumières inespérées qui s’allument au détour d’une période sombre. Elle voudrait expérimenter tout ce qui fait une existence. Tout ce qu’elle n’a lu que dans les livres.

La fin du roman marque la jonction entre le réel et la fiction imaginée par Gwen. C’est le point où nous, spectateurs, voudrions que l’imaginaire soit vrai. Où nous voudrions croire.
Contre toutes attentes, Manon Fargetton nous offre en plus une fin ouverte. Le champ des possibles est vaste. Tout nous est offert. Au vu de ce que j’avais lu dans le résumé, c’est une vraie surprise à laquelle je ne m’attendais pas. Je reste ainsi avec tout plein d’interrogations en tête. Les mêmes interrogations qui m’empêchent de commencer un autre roman dans l’immédiat tant je suis encore avec les personnages. J’ai l’impression de laisser des amis en suspens et ça m’est insupportable!

Dix jours avant la fin du monde est un énorme coup de coeur. Enorme, vous dis-je! Je peux déjà vous dire que je le relirai de nombreuses fois avec une certitude absolue! La poésie, le ton, les émotions… Il y a tout pour me faire le re-dévorer encore et encore.

10 commentaires sur « Dix jours avant la fin du monde – Manon Fargetton »

  1. Je l’ai fini la semaine passée et c’est clairement l’un des mes plus gros coups de coeur de l’année ! Je suis d’ailleurs en train de rédiger une petit chronique pleine d’éloges ! Comme toi, j’aime beaucoup cette fin ouverte que nous offre Manon Fargetton 🙂

      1. Oui et en même temps, je la considère comme la fin parfaite. Pour moi, c’est vraiment la mort qui interrompt tout et qui laisse toutes ces questions auxquelles on n’aura jamais de réponse en suspens. C’est frustrant, mais très intelligent !

  2. J’ai juste lu ton intro et ta conclusion pour pas être spoilé, mais j’ai vraiment hâte de découvrir ce nouveau roman de Manon Fargetton 😉

      1. Il faut je l’adore c’est bouquins sont vraiment tops, je te conseil L’héritage des rois passeurs et Les Illusions de Sav-Loar qui sont 2 pépites. Et si un jour tu as l’occasion de la croisée en salon elle est juste adorable

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