Le copain de la fille du tueur – Vincent Villeminot

Synopsis:

Charles, plutôt solitaire et premier de classe, s’encanaille à l’arrivée de Touk-E, un extraverti insolant et fumeur de joints. Les deux adolescents, qu’a priori tout sépare, s’en donnent à cœur joie pour provoquer et enfreindre les règles de leur très sérieuse école privée, repère de fils à papa situé en Suisse. L’arrivée de Selma, jeune femme énigmatique au physique de sportive, bouleverse Charles. Ce dernier tombe rapidement sous le charme de l’adolescente, sans oser le lui avouer… Dans le même temps, son père, célèbre poète, se meurt d’un cancer.

Mon avis:

Je remercie les Editions Nathan/Lire en Live pour leur confiance.

Je découvre l’auteur dans un nouveau genre. Si je devais définir celui-ci, je serais bien en peine de le faire car ça mêle tant d’éléments de genres différents qu’au final, ce roman est indéfinissable.
Mais je vais tenter de vous le décrire car c’est de loin mon préféré de ce que Vincent Villeminot a écrit pour le moment.

Nous avons un héros, Charles. C’est un introverti, un intellectuel qui prend plaisir à se documenter sur l’économie et l’histoire.

Il se fait un ami, Touk-E. Touk-E est tout son contraire: exubérant, un peu foufou sur les bords. C’est peut-être pour cette raison précise qu’ils deviennent les meilleurs potes du monde.

J’ai souri un nombre incalculable de fois devant les manières dont Touk-E s’adresse à Charles, toujours en évoquant des personnages historiques célèbres. De Charles Quin à Charles Baudelaire, tous y passent. Et je ne parle même pas des répliques qui tuent qu’il nous sort.

Par exemple, là, c’est quand il intervient en cours d’économie alors que le professeur parle des ressources de la planète qui s’amenuisent et de la nécessité de faire attention au gaspillage:

Excusez-moi monsieur Lebrun mais vous vous adressez à des fils de privilégiées, là. Des ressources, il en restera toujours assez bien pour nous et nos familles, non? […] Il se trouve qu’on aime plutôt les mers chaudes pour nos vacances et que si on a besoin d’aller au pôle pour les sports d’hiver, nos parents nous paieront l’hélicoptère avec les derniers barils de pétrole du Golfe de Guinée. Pourrait-on parler de choses nous concernant?

Au-delà de cet humour, l’auteur parvient même à nous faire penser « et le pire, c’est qu’il a raison! » et à nous révolter. Il est fort, très fort.

Pour revenir à l’humour, donc, quand Charles et Touk-E interagissent ensemble, leurs dialogues sont tout simplement savoureux. On rit bien.

Et puis un jour, Charles rencontre Selma et là, ça devient poétique. Vraiment. Dans le bon sens du terme. C’est plein de douceur. On se sent comme dans du coton et on en redemande. J’ai adoré!

Nos yeux brouillés. Tu me cries quelque chose à l’oreille, que je ne peux pas entendre. Tu me regardes, des cheveux plein les yeux, sous cette pluie. Moi aussi, je t’aime Selma. Je t’aime, je t’aime, je t’aime. Je te bois. A tes lèvres. Même si on se noie.

Des passages comme ça, aussi beaux, aussi dreamy, y en a légion et je suis complètement sous le charme. Ca change radicalement de ce que je connais de l’auteur et j’adhère. Combien de fois faut-il que je le dise?

Par endroits, il me fait penser à Louis Aragon parce qu’il parle d’amour comme on voudrait toutes en faire l’objet. Je ne soupçonnais pas Vincent Villeminot de savoir écrire ainsi. J’y retrouve vraiment le truc qui m’émeut tant dans la plume de Mia Sheridan et ce n’est pas peu dire! C’est extraordinaire pour un homme.

L’histoire mélange allègrement tous les genres mais cela ne m’a pas gênée. J’ai été très émue. Surtout par la fin. C’est un fin digne des films classiques tels que Le cercle des poètes disparus. Ne vous fiez pas à ce titre pour croire que Le copain de la fille du tueur est du même genre. Je veux dire par là, que nous retrouvons dans la fin de ce roman le même registre d’émotions.

Ainsi, ce roman m’a complètement chamboulée. C’est une très bonne surprise de découvrir l’auteur dans ce répertoire et j’applaudis pour le risque pris. Une réussite, vous dis-je.

8 commentaires sur « Le copain de la fille du tueur – Vincent Villeminot »

    1. Oh oui, tu devrais aimer. C’est fun, décalé et poétique en même temps. Des allures de bourbon kid couplé à colleen hoover dans la manière de parler d amour

  1. Mon avis est complètement différent du tien sur ce roman. Je n’avais pas du tout apprécié.
    Avalon

    1. Tiens, j’avais raté ce nouveau pseudo 🙂 Je me rappelais que tu avais lu un Villeminot mais sans savoir lequel.
      Je pensais que c’était les Brigades de l’ombre que tu avais lu

      1. Non, c’était justement celui-ci. Je trouvais qu’il alternait entre moments très intéressants et d’autres où je m’ennuyais.

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