The truth about Alice (La vérité sur Alice) – Jennifer Mathieu

Synopsis:

Au lycée de Healy, la vérité est une question de point de vue.
Alice Franklin est une traînée. Tout le monde le sait.
C’est forcément vrai puisque c’est écrit partout sur les murs des toilettes.
On dit qu’elle a couché avec deux garçons d’affilée et qu’elle a provoqué la mort de l’un d’entre eux.
Tout le monde a sa vérité sur Alice : son ancienne meilleure amie, l’entourage de la victime, son admirateur secret… Quelle sera la vôtre ?

Mon avis:

Cela faisait longtemps que ce roman était dans ma PAL car le slut-shaming est un thème fort dont j’étais curieuse de voir comment il était développé ici.

A l’occasion de sa sortie en français, comme c’est à mon habitude, je me suis dit qu’il était temps de piocher ce titre et de le lire enfin.

L’histoire nous est racontée alternativement de plusieurs points de vue. Autant vous dire qu’il faut attendre longtemps avant de connaître l’exacte vérité car finalement, chacun des personnages qui s’exprime a une vérité à livrer, la sienne.

Nous avons les faits purs et durs: une fête et une mort.

Et puis, nous avons les témoins. Au fur et à mesure qu’ils s’expriment, nous comprenons qu’ils sont complètement biaisés, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas honnêtes envers eux-mêmes et qu’à partir de là, ils ne peuvent pas être honnêtes envers nous. Ils nous livrent les faits au goutte à goutte et n’admettent pas leur part de responsabilité.

J’ai été particulièrement révoltée, par ce qui arrive à Alice, mais surtout par la bêtise humaine qui la fait être condamnée par ses pairs alors que c’est totalement injuste et non mérité. Le pire, c’est de voir l’effet boule de neige. Ca commence par quelque chose d’anodin pour prendre des proportions hors normes. En ça, The truth about Alice m’a fait penser au passage que je citais dans ma chronique sur Life unaware de Cole Gibsen.

Mais l’auteure choisit de traiter son thème à partir d’angles différents. Par l’intermédiaire des témoins, on réalise que ce qui arrive à Alice est malheureusement le fruit du hasard. En voulant échapper à leurs propres sentiments de culpabilité et de tristesse, Alice est devenue un bouc-émissaire. N’importe qui d’autre aurait pu l’être mais c’est tombé sur Alice parce qu’elle constituait un point de rassemblement. Elle était dans les esprits de tous, pour une raison ou pour une autre et finalement, si son prénom est tombé, c’est parce que même de façon anodine, les personnes voulaient quelque chose d’elle: sa réputation, son corps…

Derrière la culpabilité de certains personnages, on devine différentes pressions: celle de la société qui fait qu’un homosexuel refoule ses vrais sentiments, celle d’une mère trop religieuse qui fait qu’une fille ado enceinte n’a personne à qui se confier… Et même si je comprends pourquoi ces personnes cachent leurs secrets, cela ne les excuse pas pour leurs actions. Elles sont impardonnables comme le souligne Alice. L’auteure montre que les personnes, victimes comme bourreaux, restent avant tout des humains, avec des failles.

Lorsque les temps sont durs, c’est là que la vraie personnalité des gens se révèle, pour le pire mais également pour le meilleur.

J’ai eu peur, tout le long du roman, que la fin soit triste. En lisant ces témoignages, je m’attendais presque à ce que ces confessions précèdent le drame qu’on peut attendre du harcèlement scolaire dont Alice était victime.

Mais encore une fois, comme j’en parlais dans mon autre chronique sur ce même thème, tout est question de soutien. Il n’y a pas besoin de grand geste. Il suffit juste d’une parole, même anodine pour sortir une personne de son quotidien morose. L’espoir naît d’un rien et c’est le message transmis par Jennifer Mathieu.

La fin de ce roman n’est pas révolutionnaire. Elle est simple. Cette simplicité à elle-seule est lumineuse pour moi car elle ouvre des portes qu’on aurait cru fermées avant. Elle est belle.

The truth about Alice ne laisse pas indifférent. C’est un roman puissant à mettre dans toutes les mains.

Sur le même thème, retrouvez mon avis sur Life unaware (Blacklistée) de Cole Gibsen.

18 commentaires sur « The truth about Alice (La vérité sur Alice) – Jennifer Mathieu »

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